La paire euro-dollar, après près de deux semaines de mouvement latéral, s'est soudainement propulsée dans la zone des 1,18, franchissant la fourchette de prix de 1,1680–1,1760, ce qui correspond aux lignes médiane et supérieure de l'indicateur des Bandes de Bollinger sur le graphique journalier. Portés par cette impulsion haussière, les acheteurs de l'EUR/USD ont traversé la limite supérieure du couloir de prix pour atteindre 1,1819, marquant ainsi un nouveau sommet sur près de trois mois. La dernière fois que la paire se négociait dans la zone des 1,18 remonte à fin juin, et avant cela, il y a quatre ans en septembre 2021. Si la Réserve fédérale n'adopte pas une position excessivement prudente mercredi, les haussiers de l'EUR/USD pourraient non seulement s'établir durablement dans la zone des 1,18, mais aussi potentiellement tester la résistance à 1,1870, qui correspond à la bande supérieure de Bollinger sur le graphique hebdomadaire.

La flambée des prix de l'EUR/USD ce mardi est due à deux facteurs : d'abord, l'affaiblissement généralisé du dollar américain et ensuite des indices ZEW relativement solides.

L'indice du dollar américain a chuté pour le deuxième jour consécutif, atteignant un plus bas de deux mois ce mardi (96,58). Les attentes "accommodantes" concernant les futures actions de la Fed s'intensifient suite à une série de rapports mitigés sur le marché du travail américain. Avant la réunion de la Fed en septembre (dont les résultats seront annoncés mercredi 17 septembre), un nombre croissant d'analystes pense que la banque centrale prend du retard dans la réduction des taux. Désormais, on s'attend à ce que la Fed "rattrape" son retard en assouplissant la politique monétaire de manière plus agressive.

Il s'agit d'un point de vue controversé (compte tenu de l'accélération globale de l'IPC en août et de la stagnation de l'indice de base), mais ici c'est tout une question de psychologie de marché. Le facteur comportemental parmi les traders a joué en faveur des acheteurs d'EUR/USD. Jusqu'à lundi, les traders étaient prudents, conscients que des attentes excessivement accommodantes pourraient se retourner contre eux. Mais mardi, le marché a commencé à intégrer une "réduction accommodante" à l'avance: le célèbre principe du "acheter la rumeur...".

Désormais, les participants au marché sont convaincus non seulement que la Fed réduira les taux de 25 points de base mercredi, mais aussi qu'elle annoncera d'autres réductions à venir. Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité d'une réduction de taux supplémentaire de 25 points en octobre est de presque 80 %, avec environ 70 % de chances d'une autre réduction en décembre.

La Fed "garantira-t-elle" ce scénario aux traders? Ce n'est pas impossible, compte tenu du refroidissement rapide du marché du travail américain. Cependant, il faut se rappeler que la Fed essaie généralement de maintenir un équilibre dans sa rhétorique. En attendant, les traders, à en juger par les attentes du marché, sont peu susceptibles de tolérer des "si" – tout signe d'hésitation pourrait être interprété contre le billet vert.

Dans ce cas, la règle du "acheter la rumeur, vendre la nouvelle" sera pleinement en jeu – à la fois dans les contextes d'"achat" et de "vente".

En d'autres termes, le marché joue actuellement de manière préventive un scénario ultra-accommodant qui pourrait bien ne pas se réaliser (et qui, très probablement, ne se réalisera pas). Si la Fed déçoit mercredi, la tension pourrait se relâcher dans l'autre sens. C'est pourquoi les positions longues sur l'EUR/USD doivent être abordées avec prudence, malgré la croissance des prix en toute confiance. La paire grimpe sur un terrain fragile, prévoyant un événement qui n'a pas encore eu lieu.

Un soutien supplémentaire pour les acheteurs d'EUR/USD ce mardi est venu des indices ZEW, bien que ceux-ci ne soient pas sans inconvénients. Selon le rapport, l'indice de confiance économique allemand a augmenté en septembre à 37,3 (contre 34,7), dépassant les prévisions consensuelles d'une baisse à 27,3. Une situation similaire s'est produite avec l'indice de la zone euro qui a légèrement augmenté (à 26,1 contre 25,1), dépassant le consensus de 20,3.

Cependant, l'indice de la situation actuelle du ZEW a déçu : il est tombé à -76,4, en dessous des attentes de -75,0, marquant un deuxième mois consécutif de déclins.

En d'autres termes, les indices ZEW ont reflété un pessimisme croissant quant aux conditions actuelles face à une amélioration modérée des perspectives pour les six prochains mois. Le résultat a été interprété en faveur de l'euro, donc la paire augmente non seulement en raison de la faiblesse du dollar, mais aussi grâce au renforcement de la monnaie européenne.

Toutefois, à mon avis, il est judicieux d'adopter une position de prudence sur la paire. Bien qu'il y ait une chance non nulle d'un scénario ultra-accommodant de la part de la Fed, il y a aussi un risque élevé que la banque centrale livre une "réduction faucon". C'est-à-dire que la Fed pourrait réduire les taux mais l'accompagner d'une rhétorique très prudente sur l'assouplissement supplémentaire cette année. Un tel résultat de la réunion de septembre mettrait la pression sur l'EUR/USD, compte tenu des attentes déjà exaltées du marché vis-à-vis d'un assouplissement.